Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 août 2015 1 03 /08 /août /2015 17:45

Si nous ne nous opposons pas massivement au plan anti-abeilles des firmes agrochimiques, les pesticides tueurs d'abeilles seront utilisés sans restriction à travers toute l'Europe - détruisant ce qu'il reste de colonies d'abeilles et de pollinisateurs sauvages en quelques années.

========================================

Désolé, le texte envoyé par Pollinis est un (trop) long, mais il situe bien les enjeux

Peu de gens le savent, mais :

  • pendant les 2 ans du soi-disant moratoire sur les néonicotinoides, la vente de ces produits n'a jamais cessé de croître dans tous les pays européens : ils sont aujourd'hui utilisés sur 80 à 100% des grandes cultures, céréales, pommes de terre et colza (du jamais vu dans l'histoire des pesticides !) (1)
  • le moratoire très partiel ne porte que sur 3 molécules alors qu'il en existe déjà 7 autorisées en Europe.  Et qu'entre temps, des produits génériques, sans marque, sont apparus sur le marché et des demandes d'autorisation sont en cours pour de nouveaux néonicotinoïdes chinois.
  • bien souvent les agriculteurs n'ont plus d'autre choix que d'utiliser des semences enrobées aux pesticides néonicotinoïdes tueurs d'abeilles - les seules disponibles chez leur distributeur local.
  • en moyenne, il faut près de 9 mois pour que la quantité de néonicotinoïdes présents dans les sols après une culture diminue de moitié. Concrètement, 2 à 3 ans sont nécessaires pour que l'imidaclopride, la substance active du Gaucho, ne soit plus détectée dans les champs - mais entre temps, l'agriculteur aura probablement semé avec un autre traitement, et les toxiques tueurs d'abeilles s'accumuleront dans le sol. On les retrouve dans les pollens et les nectars des cultures même non traitées semées à la suite - à des concentrations certes faibles, mais tout de même 20 fois supérieures aux doses qui entraînent une surmortalité des abeilles étudiées en laboratoire ! (2)

Le soi-disant moratoire européen sur les néonicotinoïdes est une supercherie - une vaste opération de propagande destinée à endormir les citoyens et les organisations qui luttent depuis plus de dix ans pour faire interdire les pesticides tueurs d'abeilles partout en Europe.

Ce que nous devons absolument faire aujourd'hui, c'est rassembler au plus vite une armée de citoyens suffisamment nombreux pour s'opposer par tous les moyens aux lobbies, se faire entendre des politiques et forcer les technocrates à écouter les vrais experts qui alertent en boucle sur les dangers qui menacent notre environnement et nos productions agricoles.

C'est un véritable bras de fer qui s'est engagé avec les firmes agrochimiques :

D'un côté, les associations, les scientifiques indépendants et les citoyens, qui à force de mobilisations ont réussi à obtenir l'écoute de quelques responsables politiques et ouvrir la voie vers une interdiction, en France et en Europe ;

De l'autre, une armée de plusieurs centaines de lobbyistes professionnels de l'industrie agrochimique, qui font des pieds et des mains, à Paris et à Bruxelles, pour faire rétablir leurs produits : chantage aux licenciements auprès des politiques, "conseils" aux autorités sanitaires, financement d'études favorables à leurs produits...

C'est à la rentrée que tout va se jouer. C'est pour ça qu'en ce moment même, chacun des deux camps est en train de préparer ses armes et passer ses troupes en revue.

Et c'est pour cela qu'ici à Pollinis, nous avons besoin de savoir si nous pouvons compter sur vous pour préparer la bataille décisive qui va se jouer à l'automne prochain.

Nous devons être capables de mener le combat sur tous les fronts : à Bruxelles, auprès de la Commission européenne, du Parlement, et de tous ceux qui ont leur mot à dire dans l'interdiction des pesticides.

Et à Paris. Car si nous n'arrivons pas à faire plier la Commission européenne, le plan B, c'est l'amendement adopté par l'Assemblée nationale française en mars dernier, et qui interdit les néonicotinoïdes à partir de janvier 2016.

C'est un espoir phénoménal pour les citoyens de l'Europe entière : si jamais la Commission décidait de réhabiliter ces pesticides mortels, il suffirait qu'un seul pays membre de l'UE les interdise sur son territoire pour l'obliger à revoir sa copie.

Ici aussi, la bataille est serrée : alors que notre association a lancé une mobilisation inédite pour faire pression sur les sénateurs, et mis une partie du Sénat de notre côté, en face les lobbies agrochimiques ont joué la carte économique pour convaincre les élus de torpiller le texte.

Résultat : l'amendement a été retiré jusqu'à nouvel ordre !

Mais ce n'est pas fini : après l'examen du texte en commission du Développement Durable, la prochaine étape c'est l'examen par l'ensemble du Sénat à la rentrée. Et d'ici là nous avons du pain sur la planche, nous les défenseurs des abeilles et de l'environnement, pour faire rétablir cet amendement et obtenir l'interdiction totale de ces pesticides tueurs d'abeilles !

Il est impératif de continuer le combat sur les deux fronts, en Europe et en France, pour mettre toutes les chances de notre côté et débarrasser pour de bon les cultures de ces pesticides qui mettent en péril l'alimentation et la santé de toute la population.

C'est pour ça que, à Paris et à Bruxelles, grâce au soutien de citoyens engagés à 100% dans la bataille, Pollinis a constitué une petite équipe soudée autour de cet enjeu crucial pour faire face aux armées de lobbyistes payés par l'industrie agrochimique.

Et je dois dire que, ces derniers mois, personne n'a chômé :

  • Pour contrecarrer les pseudo-études financées par les lobbies agrochimiques, nous avons fédéré les chercheurs qui travaillent sur le sujet, produit de nouvelles études accablantes sur les effets désastreux des néonicotinoïdes sur les colonies d'abeilles, sur l'environnement, et même sur l'agriculture, qu'ils mettent en péril en accélérant le développement de résistances chez les insectes ravageurs ! Nous avons appuyé les recherches de scientifiques de renom, et leur avons donné la parole devant les élus européens et la Commission européenne lors d'une conférence à Bruxelles début juillet ;
  • Pour faire pression sur les institutions et les responsables politiques, nous avons mobilisé plus d'un million de citoyens à travers toute l'Europe, et avons informé des dizaines de millions de personnes sur les manœuvres scandaleuses des lobbies agrochimiques pour faire rétablir leurs produits. Et en France, la dernière campagne sur les sénateurs a fait l'effet d'une bombe : jamais les élus n'avaient reçu, directement de leurs administrés, autant de messages de protestation !
  • Pour enfoncer le clou, nous sommes allés taper à toutes les portes pour exposer nos arguments et faire entendre la voix des millions de citoyens qui refusent qu'on mette en péril leur santé et leur environnement pour satisfaire les intérêts financiers de quelques entreprises sans scrupules. Nous avons rencontré une vingtaine de députés européens, tous les députés qui comptent en France sur les questions environnementales et agricoles, nous avons été reçus au Ministère de l'Agriculture, au Ministère de l'Ecologie...

Et la bataille continue !

Quand je vois le représentant de la COPA-COGECA, le lobby des agrochimistes à Bruxelles, balayer d'un revers de main devant un parterre de journalistes et d'institutionnels les arguments du Docteur Jean-Marc Bonmatin, l'un des scientifiques du CNRS les plus en pointe sur les néonicotinoïdes, sous prétexte que "ça ne répond pas à l'impératif économique", j'en ai la nausée... (§ à modifier selon le rapport de la conférence, en attente) (3)

"L'impératif économique", ça veut dire faire fructifier leurs profits, quitte à sacrifier la nature, l'alimentation et la santé de toute la population !

Chaque année, les taux de mortalité des abeilles sont alarmants. Rien qu'en 2015, certains apiculteurs ont perdu entre 70 et 100 % de leurs colonies (4) – c'est l'hécatombe !

Si le déclin des abeilles perdure à ce rythme-là, qui assurera la pollinisation et la reproduction de toutes les plantes, fruits et légumes que nous consommons chaque jour, et qui nous sont essentiels ?

Il est impératif d'enrayer cette spirale dramatique avant qu'il ne soit trop tard !

Les néonicotinoïdes sont aujourd'hui utilisés sur 80 à 100% des grandes cultures, céréales, pommes de terre et colza (5) – et ce, malgré le pseudo-moratoire de la Commission européenne...

Plus d'une centaine d'études recensent leurs effets particulièrement nocifs sur les abeilles : perte de la faculté d’apprentissage, difficulté dans la recherche de nourriture, perte de l’instinct de retour à la ruche, désorientation, perte de fécondité des reines... (6). Au total, ils sont 7000 fois plus mortels pour les abeilles que le DDT utilisé précédemment dans les champs !

Et ce n'est pas tout : petit à petit, de nouvelles études mettent en lumière la pollution extrême de ces pesticides dans les sols, les nappes phréatiques, les cours d'eau... Bouleversant tout l'écosystème sur leur passage : vers de terre devenus rachitiques, disparition de plus de 40% des organismes aquatiques (dépollueurs naturels des rivières) (7), famines des poissons et oiseaux qui s'en nourrissent... Même les études menées sur les mammifères sont effrayantes : déformation des fœtus, taux anormalement élevé de fausses couches, réduction de la fertilité... (8)

Rien ne justifie qu'on continue à utiliser de façon massive et systématique ces pesticides sur les cultures !

Même l'argument derrière lequel se cachent les agrochimistes, selon lequel ces poisons sont le seul moyen d'avoir des rendements suffisants pour nourrir tout le monde, ne tient pas : l'agriculture n'a jamais été aussi menacée qu'aujourd'hui !

A force de déverser de façon systématique des tonnes de néonicotinoïdes dans les champs, les espèces ravageuses se sont rapidement adaptées : à l'heure actuelle, les néonicotinoïdes dans certaines régions ne peuvent déjà plus rien contre les attaques de doryphores ou de punaises... (9)

C'est une menace sans précédent sur notre sécurité alimentaire qui se profile, et la seule façon d'éviter ça c'est de stopper, dès maintenant, l'utilisation de ces produits.

Seulement voilà : face aux montagnes d'argent des agrochimistes, leurs armées de lobbyistes à Bruxelles et dans tous les pays du monde, et leurs ribambelles d'études pseudo-scientifiques complaisantes, nous, les citoyens, devons nous battre avec toutes nos forces pour peser dans la balance !

C'est à l'automne que tout va se jouer, aussi bien à la Commission européenne qu'au Sénat français. Et croyez-moi, l'équipe de Pollinis compte bien se préparer tout l'été pour être sur le pied de guerre et bien armés à la rentrée.

Nous devons à tout prix continuer le plan de bataille que nous avons mis en place, grâce au soutien des membres de Pollinis, sur le terrain des études scientifiques, des relations institutionnelles et des mobilisations citoyennes.

Tout l'été, nous allons préparer le terrain pour :

- Organiser de nouvelles rencontres avec les scientifiques, produire de nouvelles études sur les effets néfastes des pesticides, lancer de nouvelles conférences à Bruxelles et Paris en invitant les journalistes et les responsables politiques et institutionnels ;

- Multiplier les rendez-vous avec les parlementaires et leur remettre de solides dossiers de fond que nous aurons préparés pendant l'été ;

- Organiser un double dépôt des 1 millions de signatures à la campagne StopNeonics collectées dans toute l'Europe et le monde, auprès de la ministre française de de l'Ecologie, et des responsables de la Commission européenne, pour marquer le terrain dès la rentrée ;

- Remobiliser les citoyens pour mettre une pression ultime et déterminante sur les décideurs politiques, pour réussir à faire passer, au niveau européen ou français, l'interdiction des néonicotinoïdes, salvatrice pour les abeilles, l'environnement et l'avenir alimentaire de toute la population.

Nous avons du pain sur la planche, mais je sais que je peux compter sur chacune des personnes de l'équipe, ici à Pollinis, pour s'investir à 100% pour remporter le combat.

Mais toute l'énergie et la motivation du monde ne sont rien sans un minimum de moyens financiers. Et c'est ce dont nous avons besoin, de toute urgence, pour continuer le plan de bataille que nous avons entamé et être prêts pour le combat à la rentrée.

C'est grâce au soutien fidèle des premiers membres de Pollinis que nous avons pu arriver jusqu'ici, et obtenir un espoir réel d'interdire des produits chimiques pourtant défendus becs et ongles par de puissants lobbies industriels.

Je ne les remercierai jamais assez pour ça.

Mais aujourd'hui, nous devons mettre les bouchées doubles, consolider l'équipe et nos moyens, faire travailler des scientifiques, publier leurs travaux, travailler à temps plein pour aller rencontrer tous ceux qui ont leur mot à dire dans le processus de décision politique... tout en continuant bien sûr de payer les factures de loyer pour nos petits bureaux, d'électricité, d'eau, de téléphone, d'internet...

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Retour à l'accueil

Recherche Article